Sommes-nous ce que nous mangeons ?
~~Café-Philo de GUISE : Sommes-nous ce que nous mangeons ? L’expression a quelque chose de provoquant : certes, certains hommes sont des patates ou des bananes, mais c’est l’opinion commune qui le pense, et en des circonstances passionnées… Le sens sérieux premier, c’est que la nourriture indique qui nous sommes, « dites-moi ce que vous mangez, et je vous dirai qui vous êtes ». Le niveau d’élaboration de notre alimentation donnerait un degré de civilisation équivalent : le bouilli indiquerait, ainsi, un niveau de culture supérieur à la technique du rôti (point de vue anthropologique). Et, encore plus concrètement et précisément, notre être – c’est une position philosophique matérialiste – serait constitué en grande part des aliments que nous ingérons : le code génétique, l’éducation, l’expérience, l’influence sociale ne suffisent pas à expliquer nos progrès ou nos maladies. La nature de ce que l’on mange va donc bien plus loin qu’un simple résultat sociologique (qui, lui-même, déjà, compte) : manger, choisir ce qu’on mange, déciderait de ce qu’on est. Manger Bio, manger végétarien, notamment seraient autant de décisions particulièrement décisives concernant, comme dirait Foucault, notre « souci de soi ».